Depuis le temps que je vis dans le désert

Avec juste ma guitare et encore

Des fois sans pouvoir en jouer

Sans mémoire

Je suis devenue noire

Noire et bohémienne, et juive et indienne

Arabe et voilée, muette

Je suis devenue comme le bouleau qui chante

Et pousse, là où rien ne pousse

Avec juste de petites feuilles qui tremblent

Mais la lumière sur l’écorce, blanche

Je suis devenue farouche à l’intérieur de mon cœur

Comme les animaux sauvages

Qui se méfient de l’homme

Pour l’avoir éprouvé

Connu dans leur chair, par toutes leurs blessures

Et je suis devenue docile à l’extérieur de mon corps

Comme si j’abandonnais mon enveloppe

En pâture aux chiens

En gardant toujours l’essentiel pour moi-même

Je suis devenue sensible

Au moindre mouvement de l’âme

Mais dure aux coups et aux larmes

De complaisance

Je suis devenue polie… comme la pierre du chemin

Brillante et neuve comme la primevère

Cette alchimie, je la dois au désert

Et à sa clarté d’étoile froide

Je la dois au désert et à son soleil écrasant

Mais je n’ai rien oublié, rien

Depuis le temps que je vis dans le désert

Avec juste ma guitare et encore

Des fois sans pouvoir en jouer

Sans mémoire

Je suis devenue noire

Alors me revient le battement sourd de mon sang

Qui vient du fond des temps

Et je danse sous la Lune

Comme ceux que vous appelez LES BARBARES

LES BARBARES ?

Et me reviennent les cris d’amour

De la grande parade nuptiale et sacrée

C’est jour de sabbat, je chante

Je chante pour entrer dans la grande ronde de la vie

Je chante

Je vis

Je chante

Je vis

Je chante

Je vis

Je chante

Je vis

Je chante

Je vis…