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Je suis venue quand mêmeValparaiso - La torture v Quand la Grèce, en 1967, tomba aux mains des colonels dans lindifférence générale, je fus profondément touchée et choquée, ayant vécu 3 ans dans ce pays. Jécrivis Je suis venue quand-même pour traduire mon émotion et cest tout à fait fortuitement quun
responsable des Jeunesses Communistes lentendit... ...au Cheval
dOr où je chantais. Il me proposa de représenter la France à Budapest avec cette chanson : salle immense, télévision... et moi, seule à la guitare... Je ne compris réellement quaprès le spectacle la portée de ce que javais modestement écrit dans ma cuisine : une délégation de Grecs, en larmes, me serraient les mains et membrassaient dans les coulisses. Cest ce jour-là que Thomas Fodor me proposa une tournée dun mois autour du lac Balaton avec le Théâtre Universitaire, que
jacceptai...
v Cest sur un coup de coeur, en septembre 1973, revenant de 3 mois de tournée avec Philippe Richeux et apprenant par la radio la fin tragique de Salvador Allende, que jécrivis Valparaiso. (Je me suis même relevée la nuit pour écrire le dernier couplet...). Mais doutant de mes compétences politiques, je men fus voir Colette Magny que javais connue aux Frondeurs et qui mavait fait cadeau dun livre sur Maïakovsky, dont jai dailleurs pompé une phrase dans Valparaiso : « Les chenilles des chars rampent
vers Pétrograde » sont devenues : « Les chenilles des tanks rampent vers Santiago »... La réaction immédiate de Colette fut de me proposer son temps de parole lors du premier gala de soutien au Chili qui devait se tenir salle Pleyel quelques jours plus tard, arguant quelle, navait rien écrit sur lévènement très récent.
41° de fièvre me clouèrent au lit... et
cest Philippe Richeux, seul... les paroles accrochées au manche de sa guitare, qui se rendit au gala. Jattendais, anxieuse, le résultat du teste : le verdict... Philippe dit : « après la chanson, il y a eu un grand silence... la salle était comble... et puis, dun coup... un tonnerre dapplaudissements... » Jai immédiatement pensé quil fallait enregistrer la chanson...avant quelle ne soit piratée... Au Parti Communiste, ça ne les intéressait pas... Au Parti Socialiste non plus... Mais, salle Pleyel, Philippe Richeux avait fait la connaissance de Gérard Filoche, alors bras droit dAlain Krivine et éditorialiste dans le journal de la Ligue Communiste : « Rouge ». Lui, ça lintéressait... Il proposa de nous aider à financer les 1000 premiers 45 tours, que nous vendions 5 Fr... Le dessinateur Plantu offrit généreusement son dessin paru dans « Le Monde », pour la pochette. (8000 disques furent vendus) A la suite de ça, nous avons participé à pratiquement tous les galas de soutien qui se sont organisés à travers la France. Toujours des salles immenses, pleines à craquer. A toutes les manifestations, des militants donnaient des informations sur le Chili, certains en
revenaient Ce quils rapportaient était atroce. Un jour, Alain Krivine me suggéra décrire une chanson sur la torture. Je navais pas lintention décrire une chanson gore... alors jai transposé... et jai écrit une chanson damour... Sur scène, Philippe Richeux chantait La torture en retrait de moi, dos au public, sous un éclairage rouge et bleu, cétait très impressionnant. Les militants avouaient ressentir un coup à lestomac... Cette année-là, nous avions obtenu un contrat de 3 semaines avec lArmée pour aller chanter sur les sites de Tahiti, à loccasion des fêtes de Noël et Nouvel An. Le contrat avait été signé 6 mois
auparavant, grâce à Jean-Pierre Gleize-Bourras que nous avions connu à loccasion dun spectacle au foyer des marins de St Mandrier quil dirigeait alors... avant dêtre muté à Tahiti... Il nous apprit, par la suite, que lArmée avait refusé de faire venir Maxime Le Forestier, le jugeant trop engagé... ... nous étions donc à peu près certains que le contrat allait être annulé ! Eh bien non ! Mais quand nous chantions Valparaiso et La Torture, que nous venions denregistrer sur un album*, devant 1000 militaires, ça faisait tout drôle aux colonels... qui ne comprenaient pas comment nous avions pu arriver jusque là...
*Avec un groupe argentin,
dont Miguel Abuelo alors
en productions chez Moshe Naïm.
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