Chansons engagées
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Front Populaire
Mai 68
Valparaiso
Guillotine-Commune

 

Les canuts
 
Pour chanter Veni Creator il faut une chasuble d'or (bis)
Nous en tissons pour vous, Grands de l'Eglise
Mais nous pauvres Canuts, n'avons pas de chemises
    C'est nous les Canuts, nous sommes tout nus
 
Pour gouverner il faut avoir manteaux et rubans en sautoir (bis)
Nous en tissons pour vous, Grands de la Terre
Mais nous pauvres Canuts, tout nus on nous enterre
    C'est nous les Canuts, nous sommes tout nus
 
Mais notre règne arrivera, quand votre règne finira (bis)
Nous tisserons le linceul du vieux monde
Et l'on entend déjà la révolte qui gronde  
    C'est nous les Canuts, nous n'irons plus nus
 
      Paroles et musique : Aristide Bruant


 
 
Gd Père Gaspard (mort en 1915) Gd mère et papa enfant... Papa jeune
cliquez sur la photo
 
 

Du côté de mon père, chez les CHAZARD... on est, à Lyon, soyeux depuis des générations.
Dans cette famille de canuts mon arrière-grand-mère, Jeanne-Marie Saunier - née St Genis - était célèbre pour avoir tissé le velours de la robe de la reine Victoria quand elle fut sacrée impératrice des Indes en 1876...
Mon grand-père dirigeait une usine de tulle à Caluire-et-Cuire, puis ma grand-mère, veuve de guerre, tricota le jacquard en face de l'Opéra de Lyon, rue Puy-Gaillot, (ainsi logea-t-elle souvent des cantatrices : Solange Delmas...et des danseuses).
Les cousins germains tenaient la biscuiterie Vignal.
Le krach de 1929 ayant entraîné la faillite de nombreux soyeux, mon père - après avoir été comptable pour ma grand-mère en même temps que basse chantante à l'Opéra de Lyon - fut magasinier à Renault-Billancourt et syndicaliste pendant les grèves de 1936 : à ce titre, ensuite, licencié. Il devint alors représentant en parfumerie, puis en papeterie…
 
Du côté de ma mère, chez les GUILLAUME... on était ouvrier et paysan.
Mon arrière-grand-père, Joseph Verdot, avait construit seul sa maison dans le Haut Doubs,
à Plain-Bois-du-Miroir. Mon grand-père Octave Guillaume était fromager.
Ma mère, dès 13 ans, fut bobineuse chez Achtnich, à Belfort.
 
C'est dire si la tradition de gauche était bien ancrée dans la famille
et présente dans mon enfance.
Nous étions abonnés aux « Lettres Françaises »...

François Drujon, dit Zito

Mon père avait adhéré au Parti Communiste après la guerre, en revenant du stalag. En effet, François Drujon - »dit Zito »- ami d'enfance, (son grand-père était boulanger à la Croix Rousse et son père, ami de G. Duhamel et correcteur au "Matin", avait demandé ma grand-mère en mariage...)
Zito... donc...l'avait amené aux idées communistes avant de rapidement changer de bord. (Il épousera, beaucoup plus tard, la soeur du Général Jouhaud).
Il venait fréquemment déjeuner à la maison le dimanche et le repas se terminait toujours par une discussion politique enflammée, à laquelle ma grand-mère participait activement... J'avais ainsi l'occasion d'entendre les arguments des deux parties... ...leçon d'intelligence et de tolérance... J'ai donc eu très tôt, de par ces conversations familiales puis par mes lectures - Camus et Sartre - une certaine conscience politique.
 
Mon père a rendu sa carte du Parti en 1957, après l'insurrection de Budapest.
Il est mort le 13 mai 1968... d'émotion et d'angine de poitrine.
 
 

- C'est à sa mémoire que j'ai écrit, plus tard, Le Front Populaire.   Le Front populaire - cliquez pour un extrait sonore

Pour ma part, je n'ai jamais milité ni été inscrite à aucun parti, si ce n'est trois mois au Parti Socialiste... avant la victoire de François Mitterrand.

J'ai eu cependant l'occasion de chanter lors de la venue de Jack Lang à Chambly dans l'Oise et de Lionel Jospin à Creil (qui apprécia Les baleines.
Et... je suis toujours demeurée fidèle lectrice du Nouvel Observateur...

Annie à Chambly (Oise) Jack Lang à Chambly (Oise) le même jour...
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À Chambly

 

- Ma première chanson “engagée” date de la sortie des Deux Oncles de Georges Brassens qui déclencha une polémique. On en discutait beaucoup dans les lieux branchés que je fréquentais alors : l'épicerie buvette Chez Venet rue Lepic, le bar du Zinzin rue de la Montagne Ste Geneviève, Le Temps perdu rue de Seine, et j'osais à peine écrire ce que ce que j'en pensais, aussi ai-je appelé ma chanson : Chanson à ne pas écrire*...

Chez Madeleine Venet, rue Lepic

Chez Madeleine Venet, rue Lepic

J'avais 21 ans...
*classée avec Front Populaire

Je me demande aujourd'hui si, inconsciemment, ce titre ne s'adressait pas à Brassens lui-même... je n'aurais jamais osé à l'époque, j'avais trop le respect...

Quand la Grèce, en 1967, tomba aux mains des colonels dans l'indifférence générale, je fus profondément touchée et choquée, ayant vécu 3 ans dans ce pays.
J'écrivis Je suis venue quand-même* pour traduire mon émotion et c'est tout à fait fortuitement qu'un responsable des Jeunesses Communistes l'entendit... ...au Cheval d'or où je chantais. Il me proposa de représenter la France à Budapest avec cette chanson : salle immense, télévision... et moi, seule à la guitare...
 *classée avec Valparaiso

Je ne compris réellement qu'après le spectacle la portée de ce que j'avais modestement écrit dans ma cuisine : : une délégation de Grecs, en larmes, me serraient les mains et m'embrassaient dans les coulisses.

C'est ce jour-là que Thomas Fodor me proposa une tournée d'un mois autour du lac Balaton avec le Théâtre Universitaire, que j'acceptai...

- En automne 1968, encore sous le coup des évènements, j'écris une chanson douce et nostalgique sur le sujet : Climat 68. D'autre chansons y feront allusion : Li liberté, Le cahier mais d'une manière très soft...

Le sujet restait complètement tabou : Black out total.

Cependant, 10 ans plus tard, pour l'anniversaire de mai 68, j'entends un journaliste à la radio qui dit textuellement : « en fait, en 68, il ne s'est pas passé grand chose... » et mon sang n'a fait qu'un tour : j'ai terminé Mai 68    Mai 68 - cliquez pour un extrait sonore

dans la journée, paroles et musique. J'avais l'impression que le texte était déjà écrit quelque part dans ma tête, car c'est à peine si j'ai fait trois ratures...

- En 1971, Jean-Edouard - qui a déjà écrit « Métro boulot dodo », avec et pour Eddy Mitchel , musique de Pierre Papadiamandis - est très contrarié :
il a écrit une très belle chanson pour le centenaire de La Commune*   La Commune - cliquez pour un extrait sonore de Paris de 1871 et voilà qu'un groupuscule maoïste la lui a piratée pour faire un enregistrement sauvage (Les Barricadiers)... La SACEM, prévenue, saisira les disques. Philippe Richeux et moi-même proposons alors à Jean-Edouard de produire avec lui un disque à compte d'auteur, pour que cette mésaventure ne se reproduise pas, et de chanter sa chanson en spectacle. Mon ancien directeur artistique de chez RCA, Simon Hosemans, passé aux éditions Labrador, nous a même proposé de distribuer le disque.
Mais... tous comptes faits... nous avons refusé... et nous l'avons très bien vendu en tournées...
 *classée avec La Guillotine  


 
Annie et Jean-Édouard
Annie et Jean-Édouard

- C'est sur un coup de coeur, en septembre 1973, revenant de 3 mois de tournée avec Philippe Richeux et apprenant par la radio la fin tragique de Salvador Allende, que j'écrivis Valparaiso.    Valparaiso - cliquez pour un extrait sonore

(Je me suis même relevée la nuit pour écrire le dernier couplet...).
Mais doutant de mes compétences politiques, je m'en fus voir Colette Magny que j'avais connue aux Frondeurs et qui m'avait fait cadeau d'un livre sur Maïakovsky, dont j'ai d'ailleurs pompé une phrase dans Valparaiso :
« Les chenilles des chars rampent vers Pétrograde » sont devenues :
« Les chenilles des tanks rampent vers Santiago »...
La réaction immédiate de Colette fut de me proposer son temps de parole lors du premier gala de soutien au Chili qui devait se tenir salle Pleyel quelques jours plus tard, arguant qu'elle, n'avait rien écrit sur l'évènement très récent.

   41° de fièvre me clouèrent au lit... et c'est Philippe Richeux, seul... les paroles accrochées au manche de sa guitare, qui se rendit au gala.

J'attendais, anxieuse, le résultat du test : le verdict...
Philippe dit : « après la chanson, il y a eu un grand silence... la salle était comble... et puis, d'un coup... un tonnerre d'applaudissements... »
J'ai immédiatement pensé qu'il fallait enregistrer la chanson...avant qu'elle ne soit piratée...

Au Parti Communiste, ça ne les intéressait pas...

Au Parti Socialiste non plus...

Mais, salle Pleyel, Philippe Richeux avait fait la connaissance de Gérard Filoche, alors bras droit d'Alain Krivine et éditorialiste dans le journal de la Ligue Communiste : « Rouge ». Lui, ça l'intéressait... Il proposa de nous aider à financer les 1000 premiers 45 tours, que nous vendions 5 Fr...
Le dessinateur Plantu offrit généreusement son dessin paru dans « Le Monde », pour la pochette. (8000 disques furent vendus)

À la suite de ça, nous avons participé à pratiquement tous les galas de soutien qui se sont organisés à travers la France.
Toujours des salles immenses, pleines à craquer.
À toutes les manifestations, des militants donnaient des informations sur le Chili, certains en revenaient.
Ce qu'ils rapportaient était atroce. Un jour, Alain Krivine me suggéra d'écrire une chanson sur la torture. Je n'avais pas l'intention d'écrire une chanson gore... alors j'ai transposé... et j'ai écrit une chanson d'amour...

Sur scène, Philippe Richeux chantait  La torture* en retrait de moi, dos au public, sous un éclairage rouge et bleu, c'était très impressionnant. La torture - cliquez pour un extrait sonore
Les militants avouaient ressentir un coup à l'estomac...
 Valparaiso

Cette année-là, nous avions obtenu un contrat de 3 semaines avec l'Armée pour aller chanter sur les sites de Tahiti, à l'occasion des fêtes de Noël et Nouvel An. Le contrat avait été signé 6 mois auparavant, grâce à Jean-Pierre Gleize-Bourras que nous avions connu lors d'un spectacle au foyer des marins de St Mandrier qu'il dirigeait alors... avant d'être muté à Tahiti... Il nous apprit, par la suite, que l'Armée avait refusé de faire venir Maxime Le Forestier, le jugeant trop engagé...
... nous étions donc à peu près certains que le contrat allait être annulé !
Eh bien non ! Mais quand nous chantions Valparaiso et La Torture, que nous venions d'enregistrer sur un album*, devant 1000 militaires, ça faisait tout drôle aux colonels... qui ne comprenaient pas comment nous avions pu arriver jusque là...
 *Avec un groupe argentin, dont Miguel Abuelo, alors en production chez Moshe Naïm.
 

- À la fin des années 70, on parlait beaucoup de la peine de mort et de sa possible abolition, dont Robert Badinter fût l'ardant artisan et François Mitterrand le décisionnaire.
Beaucoup de gens s'opposaient à la disparition de la peine de mort et Philippe Richeux écrivit une chanson, paroles et musique :
La guillotine :   La guillotine - cliquez pour un extrait sonore
(charmant engin qu'inventa par humanisme le bon docteur Guillotin, dans  le but d'atténuer la souffrance des condamnés, alors exécutés à la hache... Elle fut mise en fonction pendant la Révolution française de 1789)
Il fallait terminer la chanson par un argument valable. Mais quel est le bon argument contre la barbarie ?
Philippe et moi en avons longuement débattu et j'ai fini par trouver les mots.

Aujourd'hui, je souhaite préciser ma pensée :
  Il n'y a pas d'horreur commise par les hommes
  Qui ne soit l'oeuvre de nous tous...
  Il n'y a pas de beauté créée par les hommes
  Qui ne soit également l'oeuvre de nous tous...

  Tout être humain est le reflet de la société dans laquelle il vit,
  ...c'est un enfant des hommes...

Parmi les 10 Commandements, il en est un, pour moi premier,

jamais respecté : TU NE TUERAS POINT !
 
Voir les paroles de la chanson d'Annie Nobel sur la guerre :
La Marche du non


 

Toutes les religions du Livre l'ont violé et continuent de le faire. C'est un commandement, une injonction, un décret, mais pas un argument.

Peut-être serait-il temps de songer à répondre à Terminator, à qui John Connor fait remarquer qu'on ne peut pas tuer tous les gens qui nous gênent ou que nous n'aimons pas... et qui demande ingénument : pourquoi ?

Terminator est un robot, une machine, il n'est pas vivant...
On tue à partir de ce qui est mort en soi. Ce qui est mort en soi est le fruit d'une mutilation. La mutilation est diverse et souvent orale : castration, frustration, humiliation, conscience lobotomisée ou camisolée, par désinformation... ou tranquillisants... Il y a tant de manières de tuer quelqu'un physiquement et moralement... Une mutilation s'accomplit lorsque l'on coupe un être de ses racines vives : sa sensibilité, sa sexualité, son respect de soi, son histoire : sa mémoire, et par dessus tout, quand on le prive d'amour.
On ne peut rien retrancher à un être vivant. Ce qu'on lui retranche le tue. En le tuant on se tue soi-même, c'est l'effet Boomerang…     Boomerang - cliquez pour un extrait sonore
C'est le fruit de Ce qu'ils font de nous…

…On ne peut rien ajouter, non plus… sous peine de rejet… de maladies… voir « prion »...

Cependant, si une fois leur peine accomplie, on ne donne pas aux condamnés la possibilité de redevenir des hommes libres, si on ne postule pas pour une possible évolution de la personne humaine, alors à quoi sert le châtiment ? Il est alors plus cruel que la peine de mort Si la prison doit simplement servir à faire mal ou à humilier c'est se placer bien bas, il est ainsi parallèlement criminel d'exécuter un condamné dix, quinze ou vingt ans après une décision judiciaire.
N'oublions jamais la rime qui lui va si bien : torture ordure*
 *dans une chanson de Hair

Maintenant, si on met et garde en prison des êtres humains dans le but de protéger la société, il serait peut-être bon, préventivement,de protéger les enfants des hommes de la société… ou que la société monstrueuse dans laquelle nous vivons change, pour ne plus produire de monstres...

…Société de non-communication :
Le « corps calleux » du peuple souffre entre les droitiers et les gauchers incapables de s'entendre et les enfants des hommes souffrent entre l'homme et la femme incapables de se comprendre…
 


 
Pour s'informer et soutenir les actions contre la peine de mort :
voir le site d'Ensemble contre la peine de mort : www.ecart-type.com
(84 rue de Wattignies, 75012 Paris)
Et l'action opiniâtre et inépuisable de

Amnesty International - section française - cliquer pour se rendre sur le site

PRIX NOBEL DE LA PAIX 1977
76, boulevard de la Villette - Paris Cedex 19
www.amnesty.asso.fr


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