Méandres du rêve...
Acte I : flash !
Et puis un jour, jai eu un flash... une vision...
...dans la glace de ma salle de bain.
Je pensais au livre : La Nuit des
Temps de René Barjavel,
que javais lu un an ou deux auparavant et soudain je lai « vu »
sur scène... un vertige... un mirage... un sujet parfait.
Alors jai écrit à lauteur, par
lintermédiaire de son éditeur,
pour lui faire part de mon projet. Et jai attendu.
Un matin, je me suis réveillée à 7 heures, ce qui était très tôt
pour moi...
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et jai pensé à ce que je devrais dire à Barjavel, si
javais la chance
dentrer en contact avec lui, puis... je me suis rendormie.
A 11 heures, le téléphone a sonné : cétait lui.
Acte II : la rencontre
Nous nous sommes donné rendez-vous chez lui, rue
Legendre me semble-il,
et je my suis rendue avec Philippe Richeux :
Perché tout en haut dun immeuble-tour, son appartement, assez exigu et envahi
par les plantes vertes, dominait la ville. Cest sans doute ici que René
Barjavel a écrit
La Nuit des Temps, me suis-je dit...
Javais déjà fait le découpage du livre
et déterminé où jallais implanter des chansons.
mais je navais encore écrit quun seul texte : la chanson dEléa
à son réveil, quand elle mesure
le gouffre de temps qui la sépare de son amour : Païkan, qu'elle
a quitté hier...
Barjavel était très excité
par ce projet mais il lui fallait laccord dAndré Cayatte,
père de lhistoire et coauteur occulte du livre. En effet, cette aventure avait
commencé par
le scénario dun film, jamais tourné faute dun
producteur intrépide..., ce dont les deux
hommes gardaient un vif regret.
Jai donc aussi
rencontré André Cayatte.
Il était inquiet de
savoir comment jallais adapter certains détails importants du livre et
je lui ai fait part de mon idée de supprimer tous les éléments de science fiction, à
la scène, et
de transposer les situations de manière plus symbolique. Il a donné son accord et je me
suis mise
au travail (voir la symbolique des chansons).
Acte III : le travail
Jai écrit 24
chansons.
Jai confié la
composition musicale à Pierre Chiffre, chef dorchestre de « Hair » et plus tard de
« Gospel », toujours au théâtre de la Porte St Martin, car si jai un
modeste talent de mélodiste, je ne me sentais pas en mesure de composer la musique de ce
que je souhaitais être un opéra rock...
Pierre Chiffre
ma présentée à un éditeur dont j'ai depuis
récupéré les droits- qui a financé lenregistrement en studio de 14 titres.
Enregistrement qui a
duré un mois et demi.
Les musiciens et les
chanteurs étaient ceux de « Hair »,
les meilleurs de Paris :
Pierre Chiffre aux
claviers, Christian Padovan à la basse, Gérard Kawczinsky à la guitare
et Dédé Sitbon à la batterie.
Tous ont aussi chanté.
Grégory Ken (plus tard Chagrin dAmour :
Six heures du mat
jai des frissons de Gérard Presgurvic) chantait le rôle de Simon,
Philippe Richeux celui
de Païkan, quant à Eléa, sa partie fut assurée par
une choriste professionnelle, ma voix de contralto ne correspondait pas à la tonalité
des duos composés par Pierre Chiffre et je navais, dailleurs, jamais pensé
tenir le rôle.
Acte IV : les espoirs !
René Barjavel
et André Cayatte furent très émus à lécoute des maquettes.
Robert Hossein était pressenti comme metteur en scène -il a même
dîné avec Barjavel
et léditeur Jacques Poisson pour parler du projet- et il
venait de perdre son théâtre de Reims.
Tout le monde espérait
que la comédie musicale prendrait la succession de « Hair »
à la Porte St Martin : ...Il suffisait de trouver le
producteur intrépide...
Nous avions tous
signé à la SACD,
alors présidée par Jean-Michel Rolland-Valmy,
un document déterminant les parts de chacun et une option dexploitation dun
an renouvelable.
Jai encore ce document qui ressemble à une relique... et bientôt à un vieux
parchemin antédiluvien...
Je paye toujours les
droits de protection du manuscrit à la SACD et bien sûr... toutes les
chansons ont été déposées à la SACEM...
André Cayatte
nous a invités à passer chez lui à St Paul de Vence, pour jeter un coup
dil aux dialogues que je peinais à écrire. René Barjavel a
déménagé avenue Duquesne, dans
un appartement immense quil na jamais aménagé et qui croulait sous les
livres, les documents,
les dictionnaires, que je lorgnais avec envie. Il est même venu voir «Hair » avec Olenka Deveer,
qui ma fait mon horoscope...
Acte V : chantez... et déchantez...
Barjavel
écrivait toujours dans le Journal du Dimanche et nous nétions pas du même avis
politique. Nous discutions souvent de la « fin » de La
Nuit des Temps que je naimais pas,
ça tombait bien, lui non plus... Il ma avoué lavoir recommencée trois fois.
Je trouvais
sa « fin » misogyne et absurde, jen réclamais une autre. Il ma
dit de faire comme je voulais...
pour la comédie musicale
(voir la présentation de
« La fin de La Nuit des temps » selon Annie Nobel
sur le site barjaweb).
Quand Philippe
Richeux a écrit, avec moi, sa chanson La
guillotine, contre la peine
de mort, je lui ai téléphoné pour le faire bisquer... il en a ri. Il me connaissait...
Il ma encore
envoyé un très joli mot avec un petit dessin, à la naissance de ma fille.
Et puis nous nous
sommes un peu perdus de vue.
Les comédies
musicales, après léchec de « Jésus-Christ
super star », ont brusquement cessé
dintéresser les
producteurs et jai perdu peu à peu lespoir de monter La Nuit des Temps.
Jai eu ainsi tout
le loisir de la remanier et de la finir...
Je téléphonais
toujours à Barjavel et à Cayatte pour leur souhaiter
leur anniversaire,
(cétait facile... ils tombent en même temps que le mien...)
Les droits
cinématographiques ont été maintes fois cédés, à tel point quà certaines
époques nul ne savait qui les possédait... Des décors ont été stockés puis détruits
et jamais
aucun film na vu le jour.
Suite
et fin...