Je vous écris
du Nouveau Monde
Dans les gageures, je suis
spécialiste...
Le Nouvel Obs
avait
publié des extraits du
livre de Charles-Marc Bost
...Les derniers puritains,
pionniers
d’Amérique...
Hachette
Ce sont les lettres
retrouvées d’un Suisse francophone de
père français, Théodore Bost
et de sa femme Sophie Bonjour.
Impossible
de faire court !
Chanté en scène
avec Philippe Richeux.
Je
vous écris
Du Nouveau Monde
Je vais vers l’Ouest
Droit devant moi
Voir si là-bas
J’ai plus de
chance
Travailler
à n’importe quoi
Partout il
y’a de la canaille
Si un
homme ne se défend pas
On
l’insulte et on le dit lâche
Il faut
faire respecter son droit
En 1853
Théodore
Bost, Minnesota
Je trace
la route à travers bois
Coucher
dehors, travailler fort
Les
Irlandais sur leur contrat
Promirent
Qu’ils ne se battraient pas
Mais comme le boss
Ne
les paie pas
Ils se
retournent contre moi
Hier, les
Indiens sont passés
Pauvres
hommes !
On
les a chassés
Chers parents
Cette
fille à marier
Parlez-lui
donc si vous voulez..
-Théodore Bost ?
-Sophie Bonjour !
Et bienvenue en Amérique...
On se marie demain matin !
-J’admire
votre côté pratique...
-J’ai
cent cinquante acres
De terre
Dessus, j’ai bâti ma maison
J’ai du lard
Et des pommes de terre...
Nous s’rons heureux
Nous nous aimerons !
Chers
père et mère un Bostillon
Va nous venir en la saison !
Je
vous écris
Du Nouveau Monde
C’est une
Julie qui nous est née
Elle a les yeux bleus
Les joues
rondes
Et nous sommes tous
En bonne
santé
Théo
Va prendre une
paire de boeufs
Et un traîneau
qu’il paye en blé
Il dit que je ruine
la maison
J’ai confiance
en son opinion !
Avez-su par les papiers
Qu’au Sud
Les gens sont
révoltés ?
Ici on n’parle
que de la guerre
On tire au sort qui
partira
L’esclavage est
une sale affaire
Je voudrais me battre
pour ça
Mais ces coquins
d’Américains
Qui sont
De bien fieffés soldats
Ne parlent pas
d’abolition
Seulement
d’arrêter l’extension
Les Anglais
N’ont plus leur coton
Donc ils sont pour la
sécession
Chère mère je suis
bien fatiguée
Il y’a si peu
Qu’Alphonse est né
Deux ouvriers sous
notre toit
C’est du travail encore
Pour moi
Théo promet de
m’acheter
Une de ces machines
à laver
C’est beau
Le monde est en progrès
Les servantes
S’en vont sans
regrets...
Avez-vous entendu parler
De ces puits d’huile
Qu’on
a trouvé ?
Les Indiens
Sont près de
chez nous
Ils vont tuant et
brûlant tout
S’ils font bien
des atrocités
On les a trompés et
volés
Je n’veux pas
laisser ma maison
Avec le peu que nous
avons
Tous nos voisins
Se
sont enfuis
Je dois rassurer ma
Sophie
Excusez-moi si je
vous quitte
Dieu veuille
Que j’écrive la suite!
Nous avons été
épargnés
Mais à l’Ouest
tout est désolé
Petit Corbeau et Creux du Jour
Sont à préparer
leur retour
Malgré
Tous ces sujets bien noirs
Nous sommes tous allé
Nous baigner
Et si je suis moulue ce soir
Nous nous sommes fort bien
Amusés
La guerre
Commence à bien tourner
Le Maryland est libéré !
Mon
Théodore
Part
pour l’Europe !
Merci pour
l’argent du voyage
Nous avons
De mauvaises récoltes
Je reste, il y a
trop d’ouvrage
Il va revoir tous
ses amis
Et la Suisse, notre
beau pays
Il vous parlera bien
de nous
Mais je suis triste
malgré tout
Dire
qu’en France
Il y a la guerre
70 apporte
misère !
Cher frère
Comme le temps a passé
Ici la grêle a tout détruit
Nous sommes bien
découragés
Alphonse
Veut gagner l’Australie
Julie se marie au
Printemps
C’est peine
d’élever six enfants
Pour fêter nos noces d’argent
Je pense aller avec Sophie
M’installer en Californie
Si tu voyais notre village
Et les hommes de Los Angeles
Défricher toujours
davantage
Bâtir et transformer
sans cesse
Des chansons
Tournent dans ma tête
Ces
dix années
M’ont
bien vieilli
Toujours
le vent
Et
la sécheresse
Qui me donnent autant
De
souci
Demain c’est mon anniversaire
J’aurai 75 ans, vieux
frère !
Ce
sont
De bien tristes
nouvelles
Théodore est mort
ce matin
Brisé par votre
guerre cruelle
Dont on ne voyait
pas la fin
Il ne pouvait plus
travailler
Juste allait-il un
peut marcher
Les
Allemands
Sont hors de France
Mais
qui paiera
Pour la souffrance ?
Le
18 juin 1920
Vieille tante
Sophie, Californie
Théodore Bost, Sophie
Bonjour
Tous deux citoyens
D’Amérique
Avec
passion, avec amour
Vécurent
à l’époque héroïque !
Inédit-
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